Qui sommes-nous ?

 

L’Association Qi Lin (麒麟友誼會) est née en mai 1992 d’un petit groupe d’amis ayant constaté que beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, en quête d’une identité culturelle, ressentent le besoin de se « ressourcer ».
Le but de cette association loi 1901 est de resserrer les liens entre les membres de la Communauté Chinoise de la Réunion, et de favoriser une meilleure connaissance de la Culture et de la Civilisation Chinoises.

C’est d’ailleurs en juillet 1992 que parait le Qí lín Bào 麒麟报, premier journal semestriel de l’association qui vivra jusqu’en novembre 1994, dont le but était de faire connaître au plus grand nombre les richesses d ‘une culture millénaire (littérature, symbolique, arts, peinture, traditions, calligraphie, philosophie, contes, locutions, histoire, histoire des sciences etc…) mais aussi les autres aspects du monde chinois (géopolitique, économie, tourisme) ainsi que l’actualité régionale. 
À cette époque, Qi Lin donnait des cours de mandarin ainsi que des cours de Cantonnais et de Hakka, qui sont les dialectes régionaux parlés dans les familles chinoises de l’île.
Vers 1993-1994, l’association Qi Lin unifie ses jeunes dans le sport grâce à la danse du Lion et perpétue cet art jusqu’à nos jours.

Depuis le début, notre association réside à Saint-Denis, dans les locaux du Temple 世昌堂 (Saï Tsiong Tong) dit « Temple pour la Prospérité des Générations », que nous saluons respectueusement.
Au fil des années, Qi Lin a entretenu des liens forts avec les Chinese Wushu and Lion Dance Association de l’île Maurice (中国武术醒狮会), qui nous font chaque année, l’honneur de leur présence chaleureuse sur les diverses manifestations chinoises à La Réunion. 
Depuis 2014, Qi Lin tisse des liens avec les Hoon Hong Dragon and Lion Athletic Association de Singapour (雲封龍獅體育會), une association de danse du lion et du dragon de très haut niveau en Asie du Sud-Est.

QU’EST CE QUE LE QI LIN ?

Le 麒麟 Qí lín (prononcez « Tchi Line ») est l’une des « Quatre Créatures Intelligentes », les autres étant le phénix, la tortue-serpent, et le dragon.

Cet animal de bon augure, censé vivre mille ans, est une sorte de licorne. Il a le corps du daim, la queue du bœuf, les sabots du cheval, une seule corne charnue au front. La fourrure du dos est verte alors qu’elle est jaune sur le ventre. Il serait né de la conjonction de deux étoiles ou du croisement d’un dragon et d’une vache. Le Qi Lin est souvent représenté chevauché par un enfant tenant une fleur de lotus et un orgue à bouche, ou sur un nuage.

On attendait son apparition comme un heureux événement, car elle annonçait la naissance d’un souverain vertueux ou d’un sage, une ère de prospérité. Dans l’imaginaire populaire, le Qi Lin annonçait la naissance des enfants mâles. Appelé parfois « cheval dragon », le Qi Lin symbolise la perfection et la bienveillance selon les uns ; la longévité, la grandeur, la félicité et une sage administration selon les autres. 

L’association a pour but de favoriser une meilleure connaissance de la culture et de la civilisation chinoise.
Les activités consistent en l’enseignement et la pratique de la danse du Lion (舞狮 Wǔ shī), du Dragon (舞龙 Wǔ lóng) et des tambours de Shānxī (山西鼓 Shān xī Gǔ), notamment lors des festivités du calendrier lunaire et des événements particuliers tels que les mariages et les inaugurations de commerces.

La raison d’être de l’Association Qi Lin réside dans la volonté de perpétuer et de transmettre aux jeunes les valeurs et les traditions de la culture chinoise.

Le Confucianisme nous a aussi légué les 5 règles de conduite (五常 Wǔ cháng), d’ailleurs incarnées par 关羽 Guān Yǔ :

  • 义 Yì : morale (être juste)
  • 信 Xìn : confiance (parole)
  • 礼 Lǐ : politesse
  • 仁 Rén : bienveillance
  • 智 Zhì : sagesse (discerner le bien du mal)

LA DANSE DU LION, UN ART,
UN SPORT, UNE CULTURE …

 

La Danse du Lion prend ses origines dans le district de Foshan (佛山 Fóshān) de la province de Canton (广东 Guǎng dōng) sous la dynastie des Míng 明 (1368-1644). La légende veut que la population paysanne de ce lieu voyait survenir, à la veille de chaque Nouvelle Année du calendrier lunaire, une bête aux allures monstrueuses du nom de 年兽 Nián shòu. La bête avait des yeux proéminents, une bouche énorme et était affublée d’une corne au milieu du front. Son apparition causait d’innombrables dégâts, notamment parmi les vivres devenues rares en cette fin d’hiver. Ainsi, les villageois mirent sur pied un moyen de l’éloigner : ils eurent l’idée de créer un animal qui lui ressemblerait. A l’aide de lamelles de bambou et de papiers peints, ils en reconstituèrent la tête et un assemblage de tissus multicolores fit office de corps. Le lion était né dans sa forme définitive. Encore fallait-il rassembler tous les ustensiles possibles et imaginables pouvant servir à faire un vacarme des plus assourdissants. Par ailleurs, quelqu’un comprit alors que 年Nián n’avait peur que du rouge, symbolisant le bruit et le feu. En entendant les pétards, ainsi que le gong que l’on faisait alors résonner avec force, 年Nián se mit à trembler de peur et s’éloigna.

En cet équipage haut en couleur, les villageois s’en furent à travers champs et villages pour dissuader le monstre du Nouvel An d’une quelconque approche. 

Par la suite, la danse du lion devint une coutume. Quand approchait la veille du Nouvel An, des formations de danseurs et de musiciens se mettaient à exécuter la danse rituelle. Dans l’attente du passage du lion, les habitants plaçaient alors au seuil de leur demeure :

  • des assiettes de légumes verts qui symbolisent la richesse. Ceci vient du fait que le « chou chinois » ou 生菜 (Shēng cài en mandarin, saang1 coi3 en cantonnais) présente la même phonétique que 生财 (Shēng cái en mandarin, saang coi en cantonnais) signifiant « gagner de l’argent ». La couleur verte de la salade représente aussi la longévité pour les chinois, et donc la prospérité. Le caractère (coi) est aussi retrouvé dans les vœux de bonne année : 恭喜发 gung hei faat coi !
  • des agrumes tels que mandarines et oranges qui symbolisent la chance. Ceci vient du fait qu’en cantonnais, les agrumes se disent 柑橘 gam gwat, se rapprochant phonétiquement du vœu de bonne année souhaitant le bon augure et le succès prochain : 大吉大利 daai6gat daai lei Une autre explication veut que gam gwat ait une phonétique similaire à (gam) signifiant « or ».

Si le lion s’appropriait des offrandes, la maisonnée était assurée d’une bonne récolte dans l’année.

Enfin, sur le front du lion, se trouve le 八卦 Bā guà, sous forme d’un miroir : lorsque le mauvais esprit reflète son image, il est effrayé par cette dernière et prend la fuite. Dans le taoïsme, le 八卦 Bā guà est formé par les huit trigrammes dont chacun représente une image de la nature, qui s’harmonise entre le 阴Yīn et le 阳Yáng.

C’est donc toute une symbolique qui s’articule autour des lions, symboles de force, de courage et de sagesse.

De nos jours, la danse du lion est tout simplement considérée comme une danse de bonne augure par laquelle sont conjurés les mauvais sorts. On a recours à elle à l’occasion de fêtes traditionnelles (Nouvel An, Fête des Lanternes, Fête de la Lune…), pour fêter un évènement heureux ainsi qu’à l’ouverture d’un établissement commercial ou autres.

Note : pour les chinois, le roi des animaux n’est pas le lion mais bien le tigre. Le tigre est une espèce initialement présente en Chine, il porte le caractère王 Wáng, signifiant « roi » sur son front tandis que le lion aurait été amené en Chine via la Route de la Soie. Une autre théorie de l’origine de la danse du lion serait que les lions, amenés d’Inde, auraient été présentés à l’Empereur, qui, fasciné, aurait ordonné des spectacles de danse imitant ces animaux.

LA DANSE DU DRAGON (舞龙 Wǔ lóng)

 

Dans la culture chinoise, le dragon naît d’une créature semblable à un serpent existant avant la Chine Impériale (ère pré dynastie Qin qui débute en 221 avant J.-C). En ces périodes lointaines, chaque clan possède son totem : oiseau, aigle, serpent, etc... C’est au fil des conflits et des annexions entre chaque clan que naît le dragon : lorsque le clan du Serpent est vaincu par celui de l’Aigle, les serres de celui-ci viennent s’ajouter au corps du premier. Puis lorsque le clan du Cerf vient à son tour se mêler à la bataille, ce sont les bois de son totem qui apparaissent sur la composition.

Et ainsi de suite jusquà la forme définitive du dragon, qui porte les traits de plusieurs espèces animales différentes : les bois du cerf, les oreilles du taureau, les yeux du lièvre, les griffes du tigre, les écailles de la carpe, unifiés sur un corps de serpent.  Le dragon porte un symbolisme fort et varié. Il représente d’abord l’union et la force, le pouvoir suprême. Il est le Roi des mers ainsi que le génie des pluies et des vents. Il symbolise la direction du soleil levant, la fertilité de la pluie et plus particulièrement le printemps. Il est aussi le symbole de la persévérance pour les lettrés qui passent un examen.

Historiquement, la danse du dragon est pratiquée de différentes manières avec divers types de dragons aux couleurs variées. Le vert est parfois choisi comme couleur principale, symbole de la longévité et de la bonne récolte. D’autres couleurs ont aussi leur signification propre : le jaune représente l’empire, l’or ou l’argent exprime la prospérité, le rouge évoque le bonheur. Souvent, les écailles et la queue sont considérées plus belles lorsqu’elles prennent la couleur argent, faisant rayonner d’une atmosphère joviale.

Dans la danse du dragon, on voit ce dernier poursuivre sans cesse une perle, mais que symbolise-t-elle ? 

Comme toujours, cela vient d’une légende, celle de la Perle du Dragon. On raconte qu’il y a bien longtemps, près de la rivière Mín 岷江 (Mín jiāng), vivait une dame et son fils. Ces derniers étaient très pauvres et le garçon s’en allait chaque jour dans les montagnes récupérer des plantes qu’il vendait aux villageois pour pouvoir vivre. A une certaine année, une grande sécheresse s’abattit sur la région, faisant souffrir cette famille de la famine. Un jour, le garçon se balada dans les hauteurs et s’arrêta au niveau d’un ruisseau, entouré de nombreuses plantes resplendissantes. Enthousiasmé par cette chance, l’enfant récolta le tout et le vendit pour une belle somme d’argent, qu’il utilisa pour offrir à sa mère un bon repas. Le jour suivant, le fils retourna au même endroit, et tomba à nouveau sur cette même verdure éclatante, qui avait repoussée. Il fit de même que le jour précédent et s’enquérit de l’argent. Et les journées se répétèrent de jour en jour… jusqu’au sixième jour où notre protagoniste se dit : « il faut tant marcher pour aller cueillir ces plantes… Ah ! Je pourrais y retourner et piocher les racines pour les planter derrière la maison ! ». C’est ainsi qu’il s’en alla de nouveau dans les collines… où il découvrit, enterrée dans le sol de cette zone luxuriante, une perle blanche tintée de rose. Le garçon retourna chez lui pour montrer le trésor à sa mère : « elle est tellement belle… ne la vendons pas et gardons-la précieusement ! » s’exclama-t-elle. La mère déposa la perle dans un ballot de riz vide tandis que l’enfant alla planter les herbes. Le jour suivant, le fils se réveilla pour aller voir ses plantes derrière la maison : elles avaient complètement fanées. C’est alors qu’il se rappela de la perle et alla jeter un œil dans le sac de riz… auparavant vide, il s’était rempli spontanément de riz tandis que la sphère reposait sur le tout ! Ils festoyèrent alors autour de grands bols de riz pour célébrer le miracle. Ainsi, le scénario se répéta jour après jour… lorsque la perle était placée dans un porte-monnaie, celui-ci débordait d’argent le lendemain, lorsque la perle était introduite dans une jarre d’huile, celle-ci finissait par dégouliner d’huile… Tout ce dont ils avaient besoin, la perle le créait pour eux et la petite famille ne manqua plus de rien, si bien qu’ils partageaient leurs vivres avec leurs amis et voisins qui s’étonnaient de leur richesse soudaine. Cependant, cela attira la jalousie de deux hommes du village qui vinrent à la maison et torturèrent la mère pour qu’elle avoue le secret de son succès. « Messieurs, il n’y a pas de secret, nous possédons une perle magique, la voici… » chuchota-t-elle. L’un des bandits tenta d’arracher la perle des mains de la mère mais le fils bondit et s’empara de la perle. « Donne la nous, elle est à nous ! ». L’enfant fut secoué si violemment qu’il avala le trésor. C’est alors qu’il se mit à avoir très soif et on lui amena de l’eau jusqu’à épuisement des ressources de la maisonnée, si bien que le garçon se rua dans la rivière pour y boire l’eau. Soudain, le tonnerre éclata, la pluie cracha, la terre trembla, et l’enfant se transforma en dragon et devint le protecteur de la rivière. Depuis, on dit que le dragon est le gardien de la perle de la création, et que l’apparition de cette dernière, dans la danse du dragon, est le moment de formuler un vœu.

LES TAMBOURS DE SHANXI (山西鼓 Shān xī Gǔ)

Le tambour est l’un des instruments à percussion les plus anciens en Chine. On dit que l’instrument a été inventé par 黄帝Huáng Dì, l’Empereur Jaune, un ancêtre légendaire de la nation chinoise.

Selon le 山海經Shānhǎi jīng (Livre des Monts et des Mers), collection des légendes chinoises les plus anciennes, il y a plus de 4600 ans, une guerre aurait éclaté entre 黄帝Huáng Dì et 蚩尤Chī yóu, chef d’une tribu de l’Est de la Chine. 黄帝Huáng Dì aurait fabriqué un énorme tambour qu’il joua pour encourager ses troupes. Peu à peu, le tambour fut non seulement utilisé sur les champs de bataille, mais aussi pour les cérémonies et les spectacles.

De nos jours en Chine, il existe plus de 1000 genres de tambours, de formes et de tailles différentes. Cependant, les démonstrations de tambour les plus typiques sont :

  • celles du tambour d’Ānsāi (安塞鼓Ān sāi gǔ), accroché à la taille, Ānsāi étant un district de la province du Shān xī
  • et des tambours de Shānxī (山西鼓 Shān xī Gǔ), Shānxī étant la région où 黄帝Huáng Dì avait établi sa domination.

Par ailleurs, le 山西Shānxī est la province native d’où est issue 关羽Guān yǔ, le guerrier légendaire de l’époque des Trois Royaumes 三國 (Sān guó), élevé au rang de divinité. Ce dernier réside dans de nombreux temples, en Chine, et dans ceux de la diaspora chinoise au-delà des mers…